By Oualam

14 juillet 2013

Ardèche été 2013:

Lac de Devesset, gite l'oustau.

Accueil, gite et couvert irréprochables, paysages somptueux.

Les adules: Laurence, Momo, Pascal, Laurence, Valérie.

Les ados: Fanny, Rose, Lise, Emma, Diane.

Les chevaux: Hunky, Jim, Ouest, Lucky, Oualam, Solitude, Spirit, Perle, D'Alicante, Lima.

La chienne: Fiera

Merci à tous pour les photos

Pour mes 11 ans, elle m'a offert trois jours de randonnée en Ardèche.

C'est la tradition, l'été, elle considère qu'elle m'a assez tortillé dans tous les sens pendant les mois froids, qu'on a assez tourné dans le sable du manège et de la carrière, et que j'ai droit à des vacances moi aussi.

Mais je dois aussi avouer que ce travail qu'elle m'impose régulièrement me sert toute l'année, et de retour de ces trois grosses journées pendant lesquelles nous avons avalé les kilomètres et les dénivelés, je suis frais comme un gardon, et pas courbaturé pour deux sous.

Quand elle m'a lâché à trois heures la nuit dernière dans le pré après 7h00 de voyage, je suis parti dans un grand trot tonique rejoindre les autres.

Elle n'a pas la grande forme en ce moment, elle ne m'a pas tout expliqué, mais je sens bien qu'elle est tendue, soucieuse, que des choses la tourmentent, qu'elle est un peu révoltée aussi.

Alos j'ai décidé d'être parfait, pour qu'elle profite de ces moments avec moi.

J'ai décidé de ne pas être nanglo-couillon, mais de lui montrer que toutes les heures qu'elle passe avec moi à essayer de vaincre mes démons ne sont pas vaines.

Parce que quelquefois je l'énerve, je le sais, elle me chuchote à l'oreille qu'elle ferait bien du saucisson d'anglo, parce que je suis trop imprévisible, trop émotif, trop instable pour qu'elle puisse sereinement partir à l'aventure toute seule avec moi.

Elle a raison, mais ça je ne peux pas promettre que ça s'arrête complètement un jour...

Quelquefois, elle me menace de me vendre, parce qu'en plus d'être couillon en extérieur, je suis un handicapé du postérieur gauche.

Alors même quand elle veut qu'on fasse de jolis croise-papattes, ce n'est pas toujours facile.

Le pire c'est mon galop à gauche.Elle essaie depuis des années de me faire galoper correctement de ce côté ci, mais c'est vraiment dur pour moi, et parfois, je dois bien convenir que je n'ai pas très envie de faire des efforts, alors je crois qu'elle s'est résignée à avoir un cheval à qui elle ne peut pas demander les mêmes choses au travail à gauche qu'au travail à droite.Elle a renoncé aussi à envisager de me sortir sur un carré de dressage, c'est pas sérieux un cheval de dressage qui se désunit, et puis le bruit, la musique, la rubalise, tout ça, ce n'est pas possible pour moi.

Mais elle peut dire qu'elle va me vendre, moi je sais bien que même si je ne pouvais plus travailler du tout, juste faire tondeuse à gazon et les pitreries qu'elle m'apprend, elle me garderais auprès d'elle, et tant pis, je ferais "anglo de compagnie", elle ne me troquerais pas pour un plus performant.

Pour tout cela, j'ai décidé d'être plus que parfait pendant ces trois jours.

J'ai bien ronchonné une fois, quand elle a essayé de passer en queue de file pour discuter avec Laurence numéro deux, je lui ai vite fait comprendre que MA place en rando, c'est à côté d'Hunky.

Ensuite j'ai été parfait.

Hunky et moi nous sommes relayés dans les dénivelés, chacun notre tour en tête, nous nous sommes aussi bien amusés à nous jauger du coin de l'oeil et à jouer à celui qui marche le plus vite.

Je suis passé partout sans discuter, j'ai ouvert le chemin sans hésitation.

Quand le premier soir nous avons été pris par l'orage dans les bois qu'on a traversé au galop en faisant des étincelles sur les caillous avec nos fers, je n'ai pas bronché sous les éclairs, la grêle et le tonnere.

Même quand Hunky a eu peur d'un grondement assourdissant, je n'ai pas bougé.

Je n'ai pas comme l'année dernière à la Féclaz fait l'imbécile parce que les insectes m'assaillaient, à tel point qu'elle avait été obligé de descendre. J'ai supporté en attendant patiemment qu'elle s'occupe d'éradiquer les taons et les mouches plates sur moi.Et puis elle m'avait affublé d'un horrible bonnet à franges (elle aussi elle dit qu'il est très moche), mais il est aussi terriblement efficace.

J'ai été parfait quand il a fallu attendre que les gosses fassent la course dans les champs et qu'elle a pris des photos d'eux depuis mon dos.

Puis quand nous aussi nous avons fait la course, j'ai galopé sans faire l'anglo-couillon, elle a cru à la première course que je ne m'arrêterais pas assez tôt, mais j'avais juste envie de jouer un peu.

Et quand avec Laurence et Momo ils ont voulu débouler comme à l'arrivée d'une course d'endurance en se tenant la main, c'est pas moi qui suis parti à fond, c'est Hunky.

j'ai été parfait jusqu'à l'étourdir avec un trot allongé qu'elle ne m'avait jamais vu faire, et la rassurer complètement parce que souvent je fais semblant de boiter un peu quand elle me demande de trotter fort, et puis comme c'est plus facile, je passe à l'aubin. la première fois, elle a cru que j'avais mal quelque part, et je l'ai grugée un petit moment avec ce stratagème.

Non, là vraiment, j'ai été parfait.

Je n'ai fait d'histoires avec personne, j'ai été sage à l'attache, je n'ai presque pas imité l'otarie, et juste un peu le dragon froufroutant du naseau, j'ai traversé une base de loisirs bondée et bruyante dans un calme olympien.

J'ai été jusqu'à vaincre mon importante appréhension de l'eau et entrer dans le lac, pour lui faire plaisir.

Je lui ai fait plein de bisous, parce que les gosses trouvait ça trop mignon.

Je l'ai même entendu dire que j'étais vraiment un super cheval d'extérieur en groupe.

Et ce soir, quand elle est venue pour rafraichir mes tendons, démêler mes crins, graisser mes sabots, j'ai bien vu dans son regard et dans ses gestes, dans ses mains enfouies dans ma crinière combien elle était fière que j'ai été si parfait.